C’était annoncé à grands coups de clairons
médiatiques: le Centre social de délassement de Marcinelle, dont la ville
de Charleroi ne sait que faire, allait se transformer en parc d’attractions
thématique sur la bande dessinée. Un an plus tard, la ville, appuyée par une
contre-étude, enterre le projet. Coût présumé des funérailles: près de
180.000 euros.
Fin 2011, certains Carolos (pas tous, tant
l’idée paraissait farfelue) se prenaient à rêver à un Walibi-sur-Sambre, où
quelque 200.000 visiteurs viendraient chaque année s’oxygéner les neurones à
Marcinelle, sous l’œil rieur du Marsupilami, des Schtroumpfs, de Spirou et de
toutes ces sympathiques figures locales nées dans la même localité.
L’alors échevin de l’aménagement urbain de la
ville de Charleroi, Eric Massin, présentait à la presse une étude menée par le
Centre d’ingénierie touristique de Wallonie (CITW), financée par des fonds
européens, et commandée, contre 84.000 bons euros, au bureau «Tourism and
Leisure». Celle-ci affirmait l’opportunité de transformer le Centre
social de délassement (CSD) de Marcinelle en Parc d’attractions. Investissement à consentir: 20
millions d’euros, dont le quart aurait été public, et le reste apporté par un
opérateur privé encore à dénicher.
Un an après, une autre étude commandée par la
Régie communale autonome (RCA) de Charleroi, propriétaire du site (dont Eric Massin
était Administrateur-délégué jusqu’à février 2012), pour examiner la pertinence
du projet, le démolit explicitement. «Dans
le cadre de la présentation de notre état des lieux et de l’analyse de l’étude
réalisée par Tourism and Leisure, il s’est avéré que le master
plan de redéveloppement du site tel qu’imaginé dans cette étude n’était pas
réalisable sur la base des contraintes juridiques, planologiques, techniques et
financières relatives au Centre de délassement. Cet avis a été confirmé par
Messieurs Magnette (NDLR : bourgmestre de Charleroi et président de la RCA) et
Devillers (NDLR : chef de file réformateur au Collège et ancien administrateur-délégué)», écrivent les experts de chez Deloitte, Osborne et De
Backer, associés sur le coup (pour lequel ils pourraient réclamer quelque
90.000 euros; à Charleroi, on espère que la facture sera moins élevée).
Bref, Charleroi applique avec abnégation les
préceptes de l’économiste John Maynard Keynes. Celui-ci affirmait que l’argent
public pouvait servir favorablement l’économie nationale, quand bien même il
serait utilisé à salarier des chômeurs pour creuser des trous le matin et les
reboucher l’après-midi. Sauf que dans la première métropole wallonne, on paie
sur ses propres deniers des experts pour contredire ceux que l’on avait
précédemment embauchés avec de l’argent européen.
Quant au site du CSD (une piscine en plein
air, un domaine boisé de 150 hectares, des terrains de tennis, des salles de
réunion, des restaurants, etc.), les abords de sa piscine et son bâtiment
principal devraient, faute de repreneur privé, être rénovés sur fonds publics.
Modestement, l’idée étant de garder des infrastructures fonctionnelles pour en
rendre la privatisation plus aisée, et plus rentable.
Nicolas De Decker
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